L’initiative #EsportsForGood, portée par la Fondation Epic, marque une étape significative dans la philanthropie liée à l’industrie de l’esport. Cette fondation caritative internationale, qui œuvre à soutenir des organisations non lucratives, a lancé ce projet avec l’ambition de mobiliser l’ensemble de l’écosystème esportif – incluant entreprises, joueurs et communautés – afin de les encourager à consacrer une part de leurs revenus à des causes altruistes.
Fondée par l’entrepreneur français Alexandre Mars en 2014, la Fondation Epic se dédie au financement de projets bienfaisants à travers le monde, axés principalement sur le bien-être des enfants, le développement des jeunes et la protection de l’environnement.
Cette démarche philanthropique invite les organisations participantes à allouer un pourcentage de leurs revenus annuels – soit 1 %, soit un montant annuel spécifique adapté à leurs capacités financières – au profit de la charité.
Dès son lancement, l’initiative #EsportsForGood a su rallier trois partenaires de prestige : l’éditeur de jeux vidéo Ubisoft, le groupe média en ligne Webedia, et l’entreprise spécialisée dans les arènes virtuelles Esports Virtual Arenas, tous établis en France. Les fonds collectés seront destinés au portefeuille d’organisations non lucratives de la Fondation Epic, qui vient en aide aux personnes en situation de précarité à l’échelle mondiale. À noter que ce portefeuille n’intègre pas, pour le moment, de projets spécifiquement dédiés à l’esport ou au jeu vidéo.
Selon Sarah Tirmarche, Directrice Générale de la Fondation Epic, l’idée de mettre en place #EsportsForGood a émergé il y a environ un an, inspirée par l’esprit de coopération qui caractérise l’univers de l’esport. Bien que les premiers partenariats se soient établis avec des entreprises françaises, l’objectif est d’élargir ce réseau à l’échelle internationale.
Jason Mousset, responsable du développement commercial pour la France chez Epic Foundation et coorganisateur de l’initiative, souligne l’importance de la jeunesse dans le secteur. Cette génération, moteur économique de l’industrie, est particulièrement attentive aux enjeux sociaux et souhaite que les entreprises du jeu vidéo établissent un lien positif et tangible avec la société.
Cependant, cette initiative de collecte de fonds intervient dans un contexte marqué par des défis considérables pour l’industrie de l’esport, souvent décrit comme « l’hiver de l’esport ». Ce phénomène désigne une période de ralentissement économique, caractérisée par des fermetures d’entreprises et des licenciements massifs, résultant d’un assèchement des investissements et d’une rentabilité souvent insaisissable pour nombre d’acteurs du secteur.
Face à ces enjeux, Sarah Tirmarche met en avant la flexibilité des modalités de soutien proposées par la Fondation Epic, permettant même aux entreprises en début d’activité de contribuer selon leurs moyens. Elle évoque également un système de promesses de dons, où les startups et entreprises en croissance peuvent s’engager à reverser un pourcentage de leurs futurs profits.
Œuvrant sans prélever de frais sur les dons, la Fondation Epic se finance intégralement grâce à son conseil d’administration, garantissant ainsi une transparence et une confiance accrues au sein de l’industrie. Cette approche est d’autant plus pertinente que le secteur de l’esport et du jeu vidéo est régulièrement salué pour ses efforts caritatifs, comme en témoigne la collecte de plus de 400 millions de dollars via Twitch en 2023.
Néanmoins, le secteur n’est pas exempt de controverses, comme en atteste le scandale révélé par Jacob Wolf concernant Brandfluence (anciennement Softgiving), une entreprise de collecte de fonds ayant retenu 42 % des 6,2 millions de dollars de dons en 2020 et 2021.
L’annonce officielle de l’initiative #EsportsForGood a été faite le 8 mars, à l’occasion des Pégases, cérémonie honorant l’industrie française du jeu vidéo.
Sarah Tirmarche conclut sur une note d’encouragement à l’altruisme, rappelant l’importance de penser au partage des valeurs dès le début de la réussite entrepreneuriale : « Il est essentiel de considérer comment vous envisagez de redistribuer vos acquis. Nous parlons ici de contribuer à hauteur de 1 %, voire moins. Si l’idée de céder ce 1 % vous inquiète au point de remettre en question la viabilité de votre entreprise, il est peut-être temps de réévaluer votre modèle d’affaires. »